Le 21/02/24

Dans le langage courant, le recyclage fait référence au processus et au parcours du matériau à recycler, depuis l’identification du gisement jusqu’à sa mise à disposition sous forme de matériau secondaire, en passant par la collecte, le tri, le démantèlement et le processus de transformation.

Il est important de différencier l’UP-cycling (surcyclage) et le recyclage : l’UP-cycling ne transforme pas le matériau textile, il l’utilise autrement, alors que le recyclage va transformer le matériau en chiquettes, fibres, va le broyer et le faire fondre, le dissoudre ou le dépolymériser, selon la matière entrante.

On parle également de « boucle ouverte » ou « boucle fermée ». Par exemple, utiliser les fibres d’un jeans pour en faire un non tissé isolant est une boucle ouverte ; ces mêmes fibres utilisées pour refaire du fil, même s’il est plus gros que le fil d’origine, est considéré comme de la boucle fermée. Le polyester issu de bouteilles en plastique n’est ni l’un, ni l’autre, puisque la source provient d’une autre filière.

Chutes de production

Textiles grand public

Textiles techniques &
vêtements professionnels

Si les textiles grand public bénéficient d’une Responsabilité élargie du producteur (REP), ce n’est pas le cas pour les autres typologies de gisements. En France, environ 35% des textiles grand public sont collectés et une étude récente de REFASHION a caractérisé les produits en termes de types de vêtements et de composition. Le coton est le matériau prédominant, avec 43 %, dans le gisement de vêtements non réutilisables (pour le recyclage) ; le polyester arrive en deuxième position avec 19 % (sur la base de 74 000 produits étudiés).

Les produits textiles techniques en fin de vie sont difficiles à identifier (volumes, types, localisation) ; pour certains, les circuits sont organisés notamment par les loueurs de linge (hôtellerie / restauration / hospitalier) mais dans la plupart des cas, les gisements sont collectés par des généralistes aux débouchés variés et mal identifiés.

A partir de ces gisements, une fois collectés et triés pour le réemploi, l’UP-cycling ou la découpe en chiffons, il s’agit de les trier par composition ou couleur et de les démanteler selon des cahiers des charges de transformation et d’utilisation en sortie.
Cette étape fait l’objet de nombreuses études pour la rendre automatique.

En effet le tri, puis le démantèlement (appelé aussi « délissage ») sont fastidieux et chronophages, donc couteux à mettre en œuvre. C’est un des principaux enjeux pour faciliter le recyclage et aussi un bon indicateur pour développer de meilleures pratiques d’écoconception des produits au départ, afin qu’ils soient plus faciles à trier et démanteler.
REFASHION met à disposition une « Etude de Caractérisation des flux entrants et sortants des centres de tri » et une « Synthèse sur les technologies de tri optique et de reconnaissance, de tri et de délissage des matières textiles ». L’industrie du recyclage développe de plus en plus de systèmes de tri et de désassemblage automatisés en Europe pour accéder aux matériaux caractérisés par leur nature. Ces systèmes utilisent des techniques d’identification comme la spectrométrie ou le proche infrarouge.
L’étude détaille 4 systèmes automatiques : PELLENC ST (FR), PICVISA (ES), VALVAN (BE) et TOMRA (DE).

Dans le domaine du démantèlement des points durs (fermetures à glissière, boutons, etc.), les projets sont encore au stade de la R&D, mais les équipementiers du recyclage mécanique proposent des systèmes automatiques de démantèlement de ces points durs qui, toutefois, abiment la matière et raccourcissent les fibres (DELL’ORCO Y VILLANI ou ANDRITZ-LAROCHE)

Il existe trois grands types de processus de recyclage :
Mécanique, thermomécanique et chimique

Le processus de recyclage mécanique consiste à couper et à déchiqueter les matériaux textiles en petits morceaux afin d’utiliser le produit fibreux pour des applications de rembourrage, des feutres pour l’isolation thermique et acoustique, qui sont les plus courants, mais aussi pour des applications de filature. La technologie est mature et bien répandue en Europe ; elle accepte en entrée une grande variété de textiles, sauf les articles avec beaucoup d’élasthanne ou les matériaux enduits. Un inconvénient, les propriétés physiques sont dégradées en sortie et les fibres sont plus courtes

Le recyclage thermomécanique consiste à broyer, compacter puis faire fondre par extrusion des fibres thermofusibles comme le polyester, le polyamide ou le polypropylène ; la matière en sortie est sous forme plastique qui peut être de nouveau filée ou utilisée dans la plasturgie.
Le processus de recyclage thermomécanique doit être 100 % mono-matériau ; les impuretés ou un faible pourcentage d’un autre matériau entraînent des dégradations : altération de la production, dégradation des caractéristiques du produit de sortie qui n’est plus conforme aux spécifications requises. Les additifs ou colorants sont aussi des perturbateurs qui nécessitent l’utilisation de compatibilisants et des opérations de filtrations supplémentaires.
La technologie est émergente et les équipementiers du recyclage de plastiques s’intéressent de plus en plus au recyclage fibre à fibre.

Le recyclage chimique regroupe de très nombreuses initiatives avec deux grandes orientations : l’une pour le recyclage de matières cellulosiques (fibres naturelles telles que le coton, le lin ; viscose) et l’autre pour le recyclage de polymères pétrosourcés (le polyester, le polyamide, l’élasthanne).

Le sujet est très vaste et il a été présenté lors de webinaires disponibles sur la chaine YouTube de REFASHION (Recyclage chimique 1 & 2) :

La disponibilité à l’échelle industrielle reste très confidentielle, mais de nombreuses structures investissent dans des sites de recyclage chimique, surtout en lien avec le recyclage de polyester issu de la plasturgie, avec le soutien de partenariats solides, metteurs en marché et futurs utilisateurs de ces matières recyclées.


Crédits photos : Adobe stock

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