Le 29/05/23

Le lin, une fibre naturelle cultivée depuis des millénaires, représente bien plus qu’un simple matériau. En tant que symbole de pureté, il est reconnu pour sa blancheur immaculée, sa douceur délicate et son éclat naturel. De plus, le lin est étroitement lié au savoir-faire traditionnel, car sa culture et sa transformation demandent une expertise minutieuse transmise de génération en génération. C’est cette combinaison unique de noblesse et de finesse qui fait du lin un emblème prisé dans le monde de la mode, de la décoration et de l’artisanat, incarnant à la fois l’élégance intemporelle et l’authenticité artisanale.

Le lin de l’Egypte antique à l’Europe médiévale : un symbole de pureté et de savoir-faire

L’histoire du lin remonte à plusieurs milliers d’années et est marquée par des traditions sacrées et religieuses, ainsi que par des périodes de déclin et de renaissance. Les premières traces du lin ont été trouvées en Europe, notamment en Suisse où des graines, du fil, du tissu et des cordes datant de 8 000 ans avant JC ont été découverts. En Égypte le lin était considéré comme un symbole de pureté et de lumière divine, et était utilisé pour vêtir les prêtres et envelopper les défunts. Les Égyptiens étaient des experts dans l’art de cultiver, filer et tisser le lin, créant des tissus d’une grande délicatesse avec des fils extrêmement fins. On raconte que les tuniques égyptiennes étaient tissées d’air car on pouvait insérer dans l’anneau d’une bague, une tunique égyptienne

Au Moyen Âge également, les druides étaient habillés de lin et les défunts étaient enveloppés dans un linceul de lin.

Le déclin du lin au profit du coton : la révolution industrielle

Cependant après des siècle d’existence, le lin disparait presque totalement à cause des invasions barbares.
Ce n’est que progressivement que la plante fait son retour, encouragé par Charlemagne au VIIIe siècle. En effet, le manque d’hygiène, mélangé à la laine mal nettoyée, faisait que les sécrétions du mouton se mêlaient à la sueur de l’homme, provoquant ainsi des maladies aussi graves que la lèpre. Mais les anciens dans l’Antiquité l’avait déjà bien compris : le lin est une fibre saine qui éloigne les maladies. C’est ainsi que Charlemagne réintroduit l’utilisation d’étoffes et de bandages en lin afin de soigner et de soulager les lépreux, et que la fibre fait alors son retour. Incapable d’expliquer pourquoi à l’époque, aujourd’hui on est en mesure d’affirmer que le lin a des propriétés hypoallergénique (qui minimise les risques d’allergie), antifongique (qui détruit les champignons microscopiques ou empêche leur développement) et antibactérienne (qui empêche le développement des bactéries).

Bien que le lin se vendait bien depuis le XIVe siècle, la révolution industrielle a vu le coton prendre son essor grâce à une machine capable de filer les fibres courtes en un fil long et commercialisable. Le prix du coton a ensuite chuté grâce à l’invention d’une égreneuse par les États-Unis en 1793. Les progrès technologiques dans le filage font alors chuter le prix de la matière première, obligeant à remédier aux goulots d’étranglement dans le tissage. Sur seulement 37 ans, entre 1771 et 1808, les importations de coton brut de l’Angleterre sont multipliées par douze.  Dans le même temps, l’utilisation des fibres de lin a continué à se développer, mais sa croissance ne suit pas celle du coton et se heurte à des difficultés, notamment pour blanchir le produit. Bien que reconnu pour sa qualité supérieure au coton, la culture et la transformation du lin demandent beaucoup de travail et de connaissances. Cela a permis de maintenir un prix élevé du lin, en faisant un produit de luxe apprécié.

La résurrection de l’industrie du lin en France

Au milieu des années 1990, l’industrie textile française subit une grave crise. Dans l’obligation de réduire les coûts de production, les entreprises sont amenées à réduire leur personnel et délocalisent en partie : les filatures françaises ferment progressivement leurs portes. 

Le lin préparé pour la filature  qu’on appelle alors lin teillé est exporté vers l’Asie et dans les pays de l’Est.

Safilin, entreprise française, souhaite contribuer à la redynamisation d’un territoire d’industrie performant et engagé. Accompagné par EuraMaterials grâce au soutien France Relance au cœur du dispositif « Résilience – Intrants stratégiques pour l’industrie », le projet LINFILA est lauréat en mars 2021. Ainsi, seize ans après la fermeture de cette dernière filature de lin sur le territoire français, une lueur d’espoir surgit en 2022 : des ouvriers polonais et français travaillent main dans la main pour ré-installer la première filature de lin en France, à Béthune. Avec une capacité annuelle de 380 tonnes (et à terme de 500T), ils répondent à la demande croissante de produits locaux et éco-responsables. Leur gamme de fils répond à différents usages du lin pour l’habillement, le linge de maison, les tissus d’ameublement et de décoration.

Des propriétés extraordinaires !
Le lin est considéré comme la championne des fibres écologiques ! En effet, pendant sa croissance, sa culture nécessite très peu d’engrais et grâce à ses racines très longues, il ne nécessite pas d’irrigation. C’est une plante résistante qui a également besoin de 5 fois moins de pesticides que le coton. De plus, comme toute la plante est utilisée après la récolte, la terre est laissée propre et sans déchets résiduels. Les côtes humides de la Picardie, de la Normandie, de la Bretagne et du Pas-de-Calais sont particulièrement adaptées à la culture du lin.

Le lin possède des propriétés hypoallergéniques, antifongiques et antibactériennes, idéal pour les peaux sensibles et les problèmes de peau. Isolant naturel, il offre un confort thermique constant. En hiver, il régule la température corporelle sans irriter la peau, tandis qu’en été, il est respirant, rafraîchissant et peut absorber jusqu’à 20 % d’humidité. De plus, il est résistant, durable et s’améliore avec le temps, comme un bon vin. Contrairement au coton qui perd en qualité et en tenue, le lin gagne en souplesse et en beauté. Il ne se déforme pas, ne peluche pas, assurant ainsi la longévité des vêtements et en faisant un choix idéal pour le linge de maison et les tissus d’ameublement. En outre, le lin est également une fibre intéressante pour des utilisations techniques telles que les composites utilisés dans le sport et l’automobile.

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