Le 24/04/24

Cela fait presque 10 ans que l’industrie du futur est en œuvre dans les Hauts-de-France et force est de constater que de nombreux progrès ont été réalisés : le numérique est de plus en plus intégré ou en tout cas la volonté est forte de prendre « le virage du numérique » ; la cobotique est désormais vue comme une réponse pertinente à l’amélioration des conditions de travail et à l’agilité des entreprises ; enfin, la recherche toute récente d’efficacité énergétique encourage la réflexion et l’investissement dans la production autonome d’énergie. Cependant, il reste encore un immense champ d’opportunités à saisir grâce une technologie encore méconnue : la fabrication additive.

La fabrication additive, plus connue du grand public sous le terme « impression 3D » est une des technologies clés de l’industrie du futur. Cela signifie qu’il s’agit d’une brique essentielle au maintien de la compétitivité des entreprises et à l’amélioration de leur attractivité. Par opposition à la fabrication « soustractive », la matière n’est pas retirée pour construire un objet, mais ajoutée étape par étape, jusqu’à obtenir un produit aux formes parfois très complexes. Pour autant, la fabrication additive reste encore trop souvent assimilée par les TPE/PME à la réalisation de prototypes et de produits à faible valeur ajoutée. Une imprimante 3D peut réaliser bien d’autres choses que des porte-clés ou autres goodies !
Il apparait urgent aujourd’hui de chercher à exploiter tout le potentiel de cette technologie qui présente bien des avantages, sans toutefois renier quelques défis à surmonter.

Si l’impression 3D ne représente aujourd’hui que 0,6% de la production, soit un marché d’environ 15 milliards de dollars, les experts estiment qu’il devrait atteindre 80 milliards de dollars d’ici 2030.
Ce développement au niveau mondial s’explique par les avantages compétitifs dus à la fabrication additive qui sont notamment la réduction du prix de revient des pièces à géométrie complexe, la réduction des délais de fabrication, la réduction de la quantité de matière nécessaire pour produire une pièce, la réduction des frais fixes liés à la fabrication des moules et des outillages, sans oublier la fonctionnalisation des matériaux… Il est important que les entreprises françaises s’adaptent à ce nouveau contexte et s’interrogent sur l’intérêt de la fabrication additive pour leur production.

Il faut noter également que l’impression 3D est une technologie où l’innovation est permanente : l’Office européen des brevets révèle qu’entre 2013 et 2020, le nombre de familles de brevets internationales (FBI) dans les technologies d’impression 3D a augmenté près de huit fois plus vite que l’ensemble des domaines technologiques combinés. Ce sont ainsi plus de 50 000 FBI portant sur des technologies d’impression 3D qui ont été déposées dans le monde depuis 2001, une FBI correspondant à une invention importante brevetée dans au moins deux pays différents. Ce constat laisse penser que de nouvelles avancées majeures sont à prévoir et que nous ne sommes qu’au début d’une nouvelle façon de produire.

Il n’y a qu’à se tourner du côté du secteur aéronautique pour constater à quel point la technologie de fabrication additive s’est développée de manière vertigineuse. Aujourd’hui, l’impression 3D transforme la production aéronautique en permettant aux ingénieurs de concevoir et de développer rapidement des pièces techniques plus solides, plus légères et aussi plus rentables. La sécurité et la qualité sont les priorités de ce secteur et la fabrication additive répond à cette exigence.

Dans le domaine médical, notons l’exemple de Lattice Medical, spécialiste des solutions de chirurgie reconstructrice alliant biomatériaux, ingénierie tissulaire et impression 3D.
La fabrication additive est aussi employée pour la fabrication d’équipements industriels de haute technicité. C’est le cas de la société JL Corp, qui réalise la plupart des éléments de ses effecteurs de robots en impression 3D, dans ses locaux lillois. Cela permet de fabriquer rapidement, sur place, les éléments conçus de façon unique pour répondre à un besoin précis.
Encore plus impressionnant, la fabrication additive sert aujourd’hui à construire des bâtiments.
A ce propos il faut aller visiter l’entreprise « Constructions 3D » à la Citadelle des Savoir-Faire de Bruay-sur-l’Escaut pour se rendre compte que l’impression 3D de bâtiments est une réalité que l’on peut voir et toucher.
Pour finir, la société Créatique Technologies située à Billy Berclau, produits plusieurs pièces de ses connecteurs destinés notamment à l’industrie automobile, en impression 3D.

Des exemples d’utilisation de la fabrication additive, on en trouve finalement pour de multiples applications, parfois hautement technologiques. Le problème est que, sauf pour de rares exceptions, le procédé de production n’est pas mis en avant. De ce fait, les utilisateurs finaux ne savent pas que leur produit est issu d’une fabrication additive et ce process gagne peu en notoriété, ce qui dans un sens permet aux entreprises ayant investi dans l’impression 3D de conserver un avantage concurrentiel.

EuraMaterials se positionne en faveur du développement de la fabrication additive
Dans sa mission de pôle de compétitivité, EuraMaterials accompagne la transition des entreprises vers la durabilité, par l’intermédiaire des matériaux et des procédés. Partant du constat que l’impression 3D est un procédé permettant de répondre à certaines problématiques cruciales et notamment la réduction des déchets, EuraMaterials s’est naturellement intéressé à cette technologie et s’est fixé comme priorité de participer à son déploiement à plus grande échelle dans les TPE et PME françaises. Ce déploiement ne peut pas se faire seul, car le chantier est immense. C’est pour cette raison qu’EuraMaterials s’est d’abord associé à des partenaires européens pour mener un projet exploratoire sur les freins encore présents pour l’intégration de l’impression 3D. C’est le programme « SUSTAIN-3D » dont l’une des actions phares est la création de la communauté SUSTAIN-3D qui regroupe des professionnels de l’impression 3D mais aussi des entreprises qui ont déjà décidé d’intégrer cette technologie et d’autres qui se questionnent encore pour intégrer l’impression 3D dans leur stratégie de développement. Nous aurons l’occasion de détailler nos actions dans de prochains articles.


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